Les violences à l’école

Le mot violence est lourd de sens car il renvoie à un ressenti personnel. La violence à l’École est une des formes les plus visibles, les plus ciblées. Ne doit-on pas parler des violences, plutôt que de la violence au sein de l’École ? Celles-ci recouvrent des réalités hétérogènes très diverses, insidieuses allant de l’incivilité, aux violences verbales, psychologiques ou à l’agression physique.

Le mélange entre délinquance et incivilité ajoute à la confusion. Il est difficile de trouver une définition commune et on ne peut donc additionner des éléments et des faits de nature fort différente. En effet, il existe peu de statistiques et l’absence d’indicateurs concernant les violences à l’École primaire. Notons une remarquable enquête réalisée en 2007-2008 par notre Fédération : « Pour un mieux vivre de l’enfant à l’école : constats et prévention de la violence, dépistage des maltraitances ». La démarche de la Fédération, par cette enquête, a été de dresser un état des lieux, d’établir un recensement, aussi objectif que possible, sans tomber dans un dénigrement systématique.

Aujourd’hui, l’École maternelle, elle-même, n’est pas à l’abri de cette problématique. On peut se demander si la violence est le fait d’enfants de plus en plus jeunes mais aussi de plus en plus violents ? Cependant, il faut replacer ces événements à leur juste proportion car l’ensemble des écoles n’est pas menacé par ce fléau. Mais aussi, la surmédiatisation conduit, parfois, à additionner des faits divers pour les ériger en un implacable fait de société. Cette fabrique de la peur peut inquiéter les parents avec des titres racoleurs : « La violence constitue aujourd’hui la première préoccupation des parents d’élèves »« La violence au cœur de la rentrée scolaire ». L’École devient un bouc émissaire facile où certains sont prompts à illustrer les marronniers les plus ressassés. L’enseignement public a décidément bon dos. Ouvert à tous, il lutte en première ligne contre les maux de notre temps, qu’il affronte sans aucun filtre ni intermédiaire. S’y reflètent ainsi, immanquablement toutes les carences et dérives, tous les problèmes de notre société : délinquance, chômage, violences… Pour autant, il n’est pas question d’occulter ni de réduire les problèmes bien réels qui agitent l’École. Pas question non plus de mettre à l’index les personnels qui se consacrent à cette tâche pour l’améliorer.

Problème de société où l’insécurité devient un problème public autour duquel existent des enjeux et des rapports de force politique là où il faudrait trouver des consensus pour des solutions communes afin que l’élève soit éduqué, en toute quiétude, dans un environnement non menaçant. Tout enfant a le droit de vivre à l’abri de la violence physique et psychologique. En vertu de la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l’enfant, les États sont tenus de prendre toutes les mesures appropriées pour protéger les enfants contre la violence.

Dans le contexte particulier de la crise sanitaire que nous vivons, est-ce que ce fléau des violences s’est amplifié ? Ce sera l’objet de notre prochaine enquête : « Climat, violences et citoyenneté dans les Écoles en 2021 ». La réponse préventive à ces problèmes de violence se situe au sein même de l’École, lieu de socialisation pour y développer une culture de la citoyenneté.

C’est le sens de notre concours « Se construire Citoyen ». Ainsi, pour accompagner l’institution scolaire, les DDEN doivent y prendre leur place au regard de nos engagements pour les principes qui fondent le lien consubstantiel entre l’École et la République. Devant la montée des incivilités, il y a nécessité d’enseigner l’éducation civique et morale. La civilité est le savoir-vivre en commun car l’un ne peut exister sans l’autre. Le civisme est le respect des règles de l’École et des lois de la République par la prise de conscience de ses droits et ses devoirs par la citoyenne ou le citoyen en devenir.

Eddy Khaldi, le 22 avril 2021.